Dernières Chroniques

DERNIERES CHRONIQUES LIVRESQUES


nom de ton image nom de ton image nom de ton image nom de ton image nom de ton image nom de ton image nom de ton image

mercredi 16 décembre 2015

Feuillets de cuivre








GENRE : Science fantasy / Steampunk
ÉDITION : ActuSF
COLLECTION : Les Trois Souhaits
NOMBRES DE PAGES : 344
DATE DE PUBLICATION : 3 novembre 2015
LANGUE D'ORIGINE : Français
AUTEUR : Fabien Clavel




Fabien Clavel est né à Paris en 1978. Après avoir vécu à Pierrefonds (Oise), il a suivi des études de lettres classiques à Paris.
Tout en collaborant à divers jeux de rôles et au magazine Casus Belli, il publie, en 2002, aux éditions Mnémos, une série de romans inspirée du jeu Nephilim, avant de se consacrer à ses propres univers.
Parallèlement, en 2007, il se lance dans la littérature jeunesse aux éditions Mango, à la fois en fantasy et en science-fiction. Sa série La Dernière Odyssée a été récompensée par deux prix.
Après avoir vécu en Hongrie entre 2007 et 2011, où il a enseigné le français et le latin au lycée français de Budapest, il est revenu en France, où il donne des cours de français, de latin et de littérature et société au lycée Julie-Victoire Daubié à Argenteuil.






" Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d'une prostituée, premier d'une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l'âme mutilée par son passé et au corps d'obèse, l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire. À la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l'éclaircie d'un esprit bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme de cuir et de papier, Feuillets de cuivre est sans aucun doute une œuvre d'encre et de sang."



Tout d’abord, je tiens à remercier le site « French Steampunk » et les éditions « ActuSF » qui m’ont permise de gagner le nouveau roman de Fabien Clavel : « Feuillets de cuivre ».
Je suis fan de la plume de l’auteur depuis que j’ai lu son roman « Homo vampiris ». Fabien Clavel a toujours des idées originales, encore une fois il le prouve dans ce roman steampunk.
 


Comme le dit la préface du roman, il est difficile de classer le steampunk dans un genre particulier. Sachant qu’on peut aisément le classer dans la fantasy, mais aussi la science-fiction, le fantastique…
« Feuillets de cuivre » est un mélange de tout cela en même temps, mais pas seulement. On découvre un univers sombre en France, au XIXème siècle, dont le genre policier est largement mis en avant. Pour ma part, cela me fait penser à notre cher Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle. On retrouve un enquêteur très intelligent et un grand méchant démoniaque qui sont dans la même lignée.
Nous découvrons alors le nouvel officier Ragon lors de sa première enquête sur les meurtres de prostituées. Ce héros hétéroclite, de part son apparence massive, change radicalement de l’image de bel âtre ! Une chose que j’apprécie énormément. Ragon est donc assez traumatisé au début du récit,  les fantômes de la bataille de Sedan conduite par Napoléon III, le rongent énormément.
Ce personnage torturé, pour échapper à son passé, se plonge avec avidité dans la littérature. C’est un lecteur compulsif, doté d’une grande intelligence. Au fil des enquêtes, on découvre qu’il résout chaque crime grâce à la littérature. Face à ses manies, ses subordonnées prennent ainsi l’habitude de travailler avec lui, ils sont même admiratifs de cette qualité du héros.
Fabien Clavel met au cœur de ce roman, la littérature classique. Il y a de nombreuses références à de grands écrivains : Baudelaire, Victor Hugo, Jules Vernes, Maupassant et bien d’autres.
Dès l’ouverture du roman, il nous décrit le héros comme un albatros : «  Essoufflé, quoique jeune, Ragon déplaça son grand corps de plus de deux cents livres avec l’impression d’être un albatros dont on aurait rogné les ailes ». Tout le monde parvient à cité un certain poète :


« A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux
.
 »


L’image du héros donne cette impression de difformité, qui était très représentative dans la littérature du XIXème siècle. Pour Baudelaire, cela faisait parti de son image du « beau », le bien et le mal ne font qu’un. Tandis que pour Victor Hugo, cela démontre un côté comique, une sorte de récit fantastique dont il se fait l’idée du grotesque.
Toutes ces références aux auteurs de ce siècle ont su me faire plonger au centre de cette époque. Le steampunk quant à lui est très peu présent au début du récit. Il se fait progressif, au fil des nouvelles, des enquêtes. On parle au début du marchandage de l’éther. Le seul élément qui pour le moment relit à ce genre littéraire.
Ragon veut absolument résoudre l’enquête des prostituées tandis que la police à abandonner l’idée. Son cœur n’est pas étranger à une certaine jeune femme, Lise. On retrouve aussi dans la première enquête, un peu de fantastique lié à la magie.
Comme Baudelaire, la vision de notre héros reste alignée sur le fait que les parias sont sur la même ligne que les bourgeois : 


«  Il lui semblait que le bordel, comme champ de bataille, contribuait à l’ordre du monde. C’étaient des points d’équilibre qui devaient rester solides dans leurs fondements sous peine de voir toute la société basculer et couler dans l’ordure»


La première partie du roman contient diverses enquêtes de notre policier, mais la seconde partie se voit tout d’un coup plus intéressante et directement en lien avec toutes les autres nouvelles. La construction du roman est donc logique et permet de comprendre progressivement où l’auteur veut en venir. Pour moi, je n’ai pas cessé d’être impressionné par les éléments ajoutés qui entretienne le suspens dans le récit. Jusqu’à la fin, je fus totalement surprise par le renversement de situation. Je reste même sur ma faim à la dernière page ! Est-ce réel ? Ou  les protagonistes sont-ils fous ?
On découvre alors un monde steampunk plus vaste, machine scientifique folle à base d’éther, machine volante, montre à remonter le temps… Bref ! Divers éléments qui font partis de cet univers particulier. Mais ici, il est justement dosé sans en faire trop, on reste dans une certaine réalité. C’est un univers alternatif avec des éléments historiques français  totalement réels. On découvre même des personnages historiques comme Maupassant, il est amusant de voir certains d’entre eux tourné vers ce côté surnaturel. Cela fait mouche ! J’ai aimé imaginer ces personnages évolués dans un autre monde. 

Dans cette seconde partie du roman, on découvre l’ennemi numéro 1 de Ragon. « L’anagnoste ». Tout comme Ragon, il est passionné par la littérature. Il poussera sans cesse notre héros dans diverses énigmes macabres pour savoir s’il est vraiment capable de mettre en relation la littérature avec une enquête policière. Il veut découvrir si Ragon est vraiment surdoué, s’il est capable d’anticiper les morts qui malgré tout pullulent grâce à lui, l’Anagnoste. Seulement, pour cet ennemi le rival de la littérature est la science, qui a débuté avec l’imprimerie. Les gens fondent désormais leurs connaissances par les écrits et non par transmission comme dans l’antiquité. On découvre une autre image de Ragon grâce à lui, une image plus « étrange ». Encore maintenant, je me demande si c’est la réalité ? Cet élément fantastique dans le récit me trouble vraiment.

La plume de Fabien Clavel est un pur décile qui tient même du divin. J’ai adoré ce qu’il a entreprit dans ce roman. Les connaissances de la littérature qu’il nous offre, nous enchantent et nous comblent. Il nous démontre également des connaissances dans l’art (notamment avec le chapitre de l’asile et la peinture japonaise).
J’aime quand des écrivains usent de citation d’œuvre classique (si bien en littérature française, étrangère ou antique !). Tout est placé avec justesse, les citations nous mène  toujours à une résolution de l’énigme, elle nous enrichit l’esprit. Fabien Clavel arrive donc avec la littérature à nous faire découvrir un côté sombre de l’histoire humaine qui détourne des vers, de la prose à son machiavélisme. L’anagnoste est si fascinant !

En conclusion, « Feuillets de cuivre » est une pure merveille que je recommande chaudement. L’auteur nous démontre la connaissance de la littérature à des fins sombres et cruelles. Mais elle nous permet également d’apprendre pour résoudre des énigmes. C’est une histoire basée sur le steampunk, certes. Mais l’élément le plus important du roman est sans conteste la littérature elle-même avec en  trame de fond un récit policier doté de fantastique. Merci Fabien Clavel de démontrer encore à quel point vous êtes un grand écrivain !


EXTRAITS
 
« Il s’éloigna de la vitre, bouscula des visiteurs empressés et quitta la Morgue. Il sortit du bâtiment auquel on avait donné la forme d’un temple grec. Ragon y voyait une ironie méchante. On moquait les cadavres anonymes en les assimilant à des divinités antiques. »

Pour un nouveau festin de nos chairs androgynes

« - Avez-vous vu le cadavre ? Tiphaine était manifestement dans les bras de Morphée au moment où cela est arrivé. Et puis, vous avez remarqué comme son corps l’accablait. Songez-vous un seul instant que notre victime ait pu décidé de se coucher nue pour attendre la police ? Non. Ceci est manifestement une mise en scène. On lui a d’ailleurs donné la position exacte de l’Hermaphrodite endormi du Musée du Louvre. Nous avons affaire à un meurtre arrangé en suicide, j’en ai l’intime conviction. »
« - Mais quel est l’usage de cette machine infernale ? le coupa brutalement Bailly.
Le gardien de la paix semblait effaré par cet exposé. Comme Ragon, il en appréhendait la conclusion autant qu’il attendait.
- Avez-vous lu Le Banquet de Platon ? répliqua le médecin.
- J’ai lu tous les livres, fit Ragon.
- J’ignorais qu’il y avait des lettrés dans la police… L’un des discours de ce traité philosophique, celui d’Aristophane, raconte comment la terre fut jadis peuplée d’être à huit membres et deux têtes. Certains étaient entièrement hommes, d’autres femmes et les derniers androgynes. Leur puissance attira la jalousie de Zeus qui les foudroya et les coupa en deux. Eh bien, je cherche à restaurer notre androgynie primordiale. Je veux retrouver ce banquet originel où  toutes les identités étaient acceptées. 
»

Croire à la pieuvre

«  D’après mes renseignements, les Japonais appellent cette œuvre Tako to Ama, ou L’ama et le Poulpe. Outamaro, un autre peintre japonais sur lequel j’ai fait paraîte un puscule, aimait à représenter ces pêcheuses de perles qui descendaient en apnée, vêtues d’un simple pagne et dont la tradition remonte à près de deux millénaires. Mais ce que vous me montrez est une copie, de qualité, certes, mais un œil suffisamment exercé peut le déceler. Les écritures japonaises qui occupent l’arrière-plan sont du charabia. »





GLOBALE : 10 /10
ECRITURE : 10 / 10
SCENARIO : 10 /10
PERSONNAGES : 10 / 10
SUSPENS : 10 /10



COUP DE CŒUR !





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire